De la préhistoire aux Temps modernes

La "Vicomté", de la préhistoire aux Temps modernes

 

Le Paléolithique Moyen

Aussi loin que nous pouvons remonter dans le temps, entre - 120 000 ans et – 40 000 ans av. J.-C., le territoire devenu la commune de la Vicomté sur Rance a toujours été occupé par l’homme. Certains archéologues parlent même d’une occupation possible, il y a 300 000 ans av. J.-C.

Le premier, dont nous sommes toutefois sûrs de la présence, est l’homme de Néandertal. C’est notre cousin, et il va semer ses outils à travers toute la contrée, au Châtelier, Tertre Billy, Launay-Jannais (La Motte), La Ville Benefray. Il s’établit pour cela sur le point culminant de la commune, à 72 mètres d’altitude au lieu-dit « Le Bois du Rocher » d’où il peut observer les troupeaux d’animaux sauvages passant en contrebas. Sur cette hauteur il va découvrir une roche, le grès éocène, propre à la taille d’outils de pierre comme le silex. Ces artéfacts retrouvés par les archéologues montrent une subsistance basée sur la chasse et sur une logique des besoins primitifs. Ils consistent en des racloirs, bifaces, perçoirs, denticulés… propres à fendre du bois, découper de la viande, gratter des peaux, dépecer des animaux, déterrer des racines…).

Ce sont des groupes de chasseurs-cueilleurs, se déplaçant au rythme des saisons et des migrations des troupeaux de grands herbivores qu’ils suivent pour leur subsistance. De plus, de nombreuses sources existent et la Rance qui coule à peu de distance peut offrir d’autres sources de nourriture à ces premier habitants.

Ces premiers hommes vont disparaître dans des circonstances non élucidées à ce jour.

 

Le Paléolithique supérieur

Il y a environ - 40 000 à - 35 000 ans av. J.-C., notre ancêtre l’homme de Cro-Magnon, appelé « Homme moderne » va les remplacer. Il est de la culture dite Aurignacienne. Son outillage caractéristique, certes plus rare, est cependant aussi présent. Il se compose de burins, pointes, micrograttoirs, lamelles, grattoirs à museau, lames aurignaciennes, nucleus à lamelles… Ses outils en os ont malheureusement disparu dans les terres acides du Bois du Rocher.

Ces nouveaux venus sont comme leurs prédecesseurs, des chasseurs-cueilleurs. Cette époque va subir de nombreuses fluctuations climatiques avec une alternance de périodes chaudes et de périodes froides. Au plus fort de la dernière glaciation il y a 20 000 ans toute la région est pratiquement désertée. Les conditions de vie sont alors extrêmes, comparables à celles qui règnent dans une partie de la Sibérie, en Alaska ou au nord du Canada. Le bord de mer se trouve à 120 km de nos côtes actuelles. Il était alors possible de joindre l’Angleterre à pied en partie recouverte par un glacier, l’inlandsis.

 

Le Mésolithique

Puis le climat se radoucit, petit à petit le niveau de la mer monte, les plantes et les animaux du froid quittent la région, remplacés par les espèces actuelles. Vers - 10.500 ans et jusqu’à – 5000 ans av. J.-C., on voit s’étendre une forêt composée surtout de pins, les bouleaux devenant plus rares. Puis les noisetiers, les chênes et les ormes se répandent à leur tour, et il y a environ 8.000 ans av. J.C., la forêt de type tempéré actuel est installée. La faune de nos régions s’est considérablement appauvrie, particulièrement en ce qui concerne les gros animaux. Ainsi, lions, panthères, lynx, gloutons, hyènes, rhinocéros, mammouths, bisons, rennes… disparaissent complètement en raison des difficultés d’adaptation à un climat différent et sous l’action prédatrice de l’homme. Quelques outils de cette époque ont été découverts lors des fouilles au Tertre Billy en 1987 (perçoir, nucléus, grattoir en grès, pointe de flèche…), mais aussi au Bois du Rocher. Ils sont les représentants des derniers chasseurs-cueilleurs.

 

Le Néolithique

Il y environ -5 000 ans av. J.-C., une révolution sociale, économique, culturelle va venir du Moyen-Orient et changer profondément la vie des derniers "mésolithiques". L’homme devient cultivateur, producteur et crée une série d’innovations comme la céramique, le polissage de la pierre, puis la métallurgie du cuivre et de l’or. Il domestique les espèces végétales et animales, de nomade l’homme devient sédentaire. Des villages et même de petites villes, des fortifications, des monuments parfois gigantesques, menhirs et sépultures apparaissent. Un peu plus tard, le mégalithisme a évolué vers des constructions plus modestes, telles que les allées couvertes, qui appartiennent au Néolithique final, soit vers - 2500 ans av. J.-C. A la Vicomté sur Rance, se trouve une sépulture qui appartient à cette dernière époque, le dolmen du Bois du Rocher qui a donné son nom au site. Les excédents de cultures créent des richesses, et une hiérarchisation des sociétés. Des explorations toujours plus lointaines sont organisées, dans des buts de colonisations, d’alliances, de guerres, de réseaux commerciaux pour accumuler encore plus de richesses. C’est le début des inégalités… Bref, tout ce qui fait notre civilisation actuelle, est déjà là au Néolithique. L’outillage emblématique de cette période est la Hache Polie. C’est l’outil de défrichage par excellence pour gagner des terres cultivables sur la forêt. De nombreuses haches polies en dolérite ont été découvertes à la Vicomté sur Rance, La Ville es Pois (Parcelle du Haut Premier), Bois du Rocher, la Ville Hervy. 

 

L’Age du Bronze

À partir de – 2500 jusqu’à +/- 750 ans av. J.-C., l’homme maîtrise la métallurgie du cuivre puis du bronze (alliage de cuivre et d’étain). Au mois de mai 1877, lors des travaux de terrassement pour la construction du pont de Lessart au lieu-dit « Le Courtil aux Moines », fut découvert l'un des plus beaux dépôts de l'âge du bronze en Bretagne. Hélas, comme pour le site du Bois du Rocher, cette découverte s'est faite trop tôt. Les renseignements que l'on aurait pu obtenir grâce aux moyens actuels d'investigation en archéologie ont été irrémédiablement perdus.

Tous les objets ont été dispersés. On les trouve au musée des antiquités nationales de Saint- Germain en Laye ainsi qu'en Angleterre au Pitt Rivers Museum d'Oxford. Certains ont purement disparu. D'après J. Briard cet ensemble typique du début de l'âge du Bronze Moyen daterait de 1500 à 1300 av. J.C. 

Inventaire :

- 5 lames d'épées.

- 2 poignards.

- 5 haches à rebords.

- 3 pointes de lances.

- de menus débris de bronze.

- une pierre à aiguiser assez usée.

 

L’Age du Fer, époque Gauloise

La maitrise de la fonte des métaux s’est développée avec le travail du fer. Depuis le Néolithique, la population s’est accrue, l’élevage et les rendements agricoles ont augmenté, des royaumes se sont créés. Des peuplades venues de l’Est ont migré vers notre région en y apportant leur culture et de nouvelles connaissances. On y bat aussi des monnaies.

 

L’Éperon barré du Châtelier est repéré en 1977 lors d’une prospection aérienne. D’une superficie de près de 3 hectares, il domine de 30 m une courbe de la Rance à la limite des effets de marée. A son sommet était probablement dressée une palissade. Côté terre il est coupé par un profond fossé rectiligne de 300 mètres de longueur, de 10 à 15 mètres de largeur, et de 5 à 6 mètres de profondeur. Il s’agit d’un système de défense ou de refuge pour les populations en cas d’agressions ennemies, probablement édifié par les Coriosolites vers - 500 av. J.-C., avant la conquête de la Gaule par les Romains soit pour notre région en - 57 av. J.-C. Mais peut-être était-il plus ancien encore ? Un gué le reliait à Taden, et une voie romaine le longeait à sa partie sud. Le site n’a pas été daté puisqu’aucune fouille archéologique n’a été entreprise à ce jour et aucun artéfact n’y a été découvert.

Le Village du « Châtelier », situé à proximité, tire son nom de ce site.

 

L’époque Gallo-romaine

En – 57 av. J.-C. César et ses légions envahissent la péninsule de l’Armorique. En mer et sur terre les troupes gauloises coalisées sont défaites. Le mode de vie et la culture gallo-romaine s’imposent petit à petit. Sur le territoire quelques sites datent de cette époque mais ce ne sont pas de belles villas, comme à Taden ou Langrolay, ce ne sont que de modestes bâtisses agricoles. Quelques traces repérées à : la Ville Benefray, le long de D29, au Tertre Billy, au-dessus de la Ville Es Pois, et au Châtelier.

 

Les voies gallo-romaines 

Venant de Corseul, une voie (peut être d’origine Gauloise) passait au bord sud de l’éperon barré du Chatelier puis remontait par le Val Orieux. Cette dernière peut être suivie jusqu'à Avranches. Peu après la traversée de la Rance, après le Val Orieux un piquage vers le Nord, sur la voie Corseul Avranches devait mener à la station « Reginca », au pied de la Cité d'Alet.

 

D’autres peuplades viendront ensuite 

les Saxons, Bretons, Vikings, mais ils n’ont pas laissé de traces archéologiques significatives dans le sol vicomtois. 

Les Vikings ont laissé un nom dans la toponymie communale, le Dick ou Dic représente le vieux norrois Dík, Díki « fossé, levée de terre ». Un port peut-être pour leurs embarcations les skeid, snekkja, byrding, knarr et autres karv. Puis viendront aussi les Francs et avec eux nous entrons pleinement dans le Moyen Âge central et la féodalité.

 

Le Manoir de La Bellière

Dubuisson Aubenay, en 1636 décrivait ainsi la Bellière : 

« Environ demi-lieue après le Pont-de-Siu, trouvez la maison de la Bellière, à laquelle est annexée la vicomté de Dinan depuis le XIIIème siècle… Au-dessous est un étang (même deux) couvert de roseaux, où les étourneaux sont en foule au mois de septembre et au commencement d’automne. Tout contre la bonde (c’est la levée par où s’écoule le Guilliers), donne le bout d’une manche de Rance, dite manche de la Bellière (l’anse du Prat) ». La seigneurie de La Bellière possédait un droit de haute et basse justice.

Nous ne savons pas qui fut le premier créateur du site ? Peut-être ce Hamon de la Bellière cité dans un acte en 1206 est primicier de la collégiale de la Guerche en Ille-et-Vilaine.

Le premier seigneur mentionné dans des actes est Raoul de Dinan, vicomte de Poudouvre, Sire de la Bellière (Né vers 1220, il décèdera vers 1295). 

La date de construction des bâtiments les plus anciens encore visibles est estimée par les historiens aux premières années du XVe siècle, où de l’extrême fin du XIVe siècle. Le puissant seigneur d’alors était Jean Ier Raguenel (1364-1415), membre du Conseil de Jean V, duc de Bretagne. Le bâtiment central serait donc son œuvre. Puis d’autres agrandissements suivront au cours des siècles. L’ensemble, tour, corps de logis, chapelle, communs et colombier, représente le type même du manoir à cour close des XIVe-XVe siècles. Il est entouré d’étangs. Le château a conservé des tuyaux de cheminées à souches octogonales en granit, en brique et en ardoise, qui datent de la fin du XIVe siècle, avec couronnements et arcatures en ardoises. Les terres qui l’avoisinent sont de grandes pièces de terre bordées de chênes hauts de fût. 

La Bellière passa successivement aux : de La Bellière, Dinan, Raguenel, famille de Tiphaine, première épouse de Bertrand du Guesclin, connétable de France., Botherel, de Malestroit, du Chastel, de Montejan, Tournemine de la Hunaudaye, d’Acigné, de Rieux, de Boiséon, Girault de la Charmois, Colin. En 1767, le domaine passa à la famille Collin, qui joua un grand rôle dans la création de La Vicomté-sur-Rance en paroisse en 1870, puis en commune en 1878. Le château est resté dans la même famille, il est une propriété privée non ouverte au public.

On raconte aux veillées, aux environs du manoir de la Bellière, qui fut habité par la première femme de du Guesclin : Tiphaine Raguenel, qu’une dame en longue robe blanche vient durant les nuits d’automne, se promener dans les sentiers jonchés de feuilles…...

 

 


Publié le 26/05/2021