crédit photo @JLCottain

Le Moulin du Prat : son histoire

Dans le Havre de Rothéneuf, sur la commune de Saint-Coulomb, existait le moulin du Lupin. Exploité jusqu’en 1899, il n’en subsiste aujourd’hui que l’amorce de la digue. Il pourrait avoir été le plus ancien de Bretagne puisqu’il est cité dans des actes datés de 1181. Sa particularité était d’être un moulin à cage de bois, à deux roues, adossé à une digue de pierre, qui profitait du fort marnage de cette vaste anse.

Il fut une époque où le moulin du Prat a pu lui ressembler. On a compté plus de 100 000 moulins (moulins à vent, moulins à eau, moulins à marée) en France. Seuls 140 de ces moulins sont des moulins à marée, et 100 d’entre eux sont situés en Bretagne, dont 15 implantés sur les bords de Rance.

Aujourd’hui ce moulin est orthographié « Prat ». Cependant, on le voit retranscrit « Pray » ; d’autres documents (procès-verbaux, plans, baux…) le mentionnent sous les vocables Perray, Pré, Pra et enfin Prat.

En breton, Prat signifie prairie. Faut-il y voir la pièce de terre (et donc « Pré »), occupant jadis l’étang que l’on voit aujourd’hui, et que traversait un ruisseau ? En gallo-roman, Perray (raccourci « Pray ») ou Perrat (Prat, Pras) désignent un lieu pierreux, rocheux : ce qui correspond bien au site. Les perrayers étaient des carriers.

 

Un moulin banal

Le moulin à marée du Prat pourrait dater de la fin du XVe siècle, voire être contemporain du manoir de la Bellière, c’est-à-dire fin du XIIIe siècle début du XIVe siècle.

Ses activités ont cessé au début du XXe siècle. Cependant, de très anciennes personnes de la Vicomté disent avoir vu tourner les meules encore au début des années 20. Puis le moulin est très vite tombé en ruine. Abandonné par ses propriétaires, il ne restait plus à la fin des années 1990 que quelques pans de murs et une digue en grande partie détruite.

 

@créditphoto : Nicolas Le Bournot 

La renaissance ou la 1ère phase de la restauration

1994 La commune de La Vicomté sur Rance achète les ruines du moulin du Prat avec 4,5 ha de falaises boisées environnantes. L'objectif est de restaurer ce moulin à marée qui sera le seul « survivant » des 15 moulins à marée des bords de Rance.

 

De 1995 à 2001 De nombreux bénévoles se rencontrent sur le site pour dégager plus de trois mètres de vase dans et autour du moulin.                                                                                                                                                                                                                                                                                    

1995 Les rives de la Rance sont classées par l’État, ce qui interdisait de faire des travaux. La mairie a dû faire intervenir le préfet et même le ministre Charles Josselin pour obtenir un « exclu du classement » du site au niveau du bâti en vue de sa restauration dans un but pédagogique ».

Inscription sur le cadastre de La Vicomté.

L’Association « Moulin du Prat » est créée en vue de seconder les efforts de la municipalité dans son objectif de restaurer le moulin. 

 

1996 Les Affaires Maritimes de Saint Malo autorisent la commune à restaurer la digue du moulin « avec aussi but pédagogique » à condition que la commune prenne à sa charge les frais de restauration. Réalisé par STEREDENN de Dinan (6mois d’intervention).

Mise en place de la première Porte à Marée sans laquelle le moulin ne peut fonctionner. 

Les différents réseaux - eau potable, électricité, téléphone - sont amenés par « enfouissement » depuis le hameau de La Ville Hervy, distant de 300 m.       

                                                                                                                                                                                                  

2001 Les aides indispensables étant réunies, les appels d’offre ont pu être lancés. En septembre 2001, les entreprises ont commençé leur œuvre. Maçons, charpentiers, menuisiers, couvreurs, électriciens, plombiers se sont succédés sur le site durant 9 mois. L’ABF (l'architecte des bâtiments de France) des Côtes d’Armor viendra plusieurs fois sur le site. L’opération de restauration sera suivie par la presse locale et la télévision proposera trois reportages (TF1, FR3).

 

29 juin 2002 Inauguration de la première phase de la restauration. Toutes les autorités administratives locales ainsi que les élus des structures ayant participé financièrement sont invités (Conseil Régional, Conseil général …).

 

Deuxième phase de la restauration

2006 Remise en fonctionnement des différents mécanismes de mouture à l’intérieur du moulin. Financement avec l'aide des fonds du FEDER (Europe) ainsi que d’EDF (barrage de la Rance).

 

29 juin 2012 Fête pour les « Dix ans du moulin ». Présence de nombreux élus et de la presse Entre temps, de nombreux articles paraissent dans des revues patrimoniales telles que « Ar Men » et « Tiez Breiz ».

 

2015 Une subvention a permis d'ajouter un blutoir pour le tamisage de la farine et de procéder à divers travaux, en particulier l’étanchéité de la digue. Le blutoir tourne à une vitesse de 8 à 10 tours par minute. Il sépare la farine du son, après le passage du grain entre les meules.

 

2021 Avec l'ajout de mobilier ancien, le moulin prend l'aspect d'un écomusée.

Mise en place d’un monte sac par l'association.

 

Crédit texte : merci à JLCottain pour sa participation

@créditphoto : Nicolas Le Bournot 

 


Publié le 16/05/2021